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Caroline a un appel missionnaire pour le Japon. Et son chemin à comprendre ou recevoir celui-ci est (sans pour autant être facile) joliment riche.
Problème : je ne ressens rien de similaire. Je ne me sens pas du tout appelé à la mission en général (au mieux je suis un fervent partisan du “regarde donc tout ce que tu peux faire ici maintenant juste à coté de toi, au lieu de chercher l’aventure flatteuse à l’autre bout du monde), et pas plus spécifiquement pour le Japon…
Second problème : depuis environ un an maintenant je fais à nouveau face à la dépression. De celle dont on ne se remet pas avec une bonne sieste et une tape dans le dos. Plutôt de celle qui vous plonge insidieusement, au fil de 2-3 années d’usure par la fatigue physique et émotionnelle, dans un -violent- isolement mental, dans une fragilité qui ne sait se défendre presque que par la colère, et tente de se soulager -parfois, trop souvent- dans des compulsions alcooliques.
J’ai déjà eu à passer par là par le passé. Et ça m’avait à l’époque pris presque 5 ou 6 ans pour m’en dépêtrer. Des années entières. L’une après l’autre. Sans en voir le bout. Jusqu’à envisager de le choisir ce bout. Et pas de la bonne manière.
Puis à bout de force, à bout de vie, on lâche enfin prise. On laisse enfin le Père agir. On le supplie d’agir. Et il révèle sa gloire immense. Et le lendemain le goudron poisseux et brûlant, qui voulait ma mort, contre lequel je me débattais avec une hystérie maladroite, a disparu. Avec autant de simplicité et de légèreté et de douceur qu’un regard profondément bienveillant… Bienveillance qui a continué à me sevrer, à me guérir, les semaines et les mois et les années nécessaires qui ont suivi.
De cette première -si longue et douloureuse- expérience, j’en ai appris (un peu) les rouages de la dépression, ses symptômes, ses engrais et ses catalyseurs. Ce qui m’a permis de tirer la sonnette d’alarme en à peine quelques mois, constatant en Décembre 2017 une dérive qui franchissait une limite très dangereuse, pour moi comme pour ma famille.
J’en ai également appris les armes qui aident à la combattre, et avec l’aide de Dieu j’ai rapidement pu avoir conscience des choses à ma portée que je pouvais faire pour essayer d’enrayer la chute. Ce travail de surface et de fond est à l’œuvre et l’enjeu de ma santé pour les mois, peut-être années, à venir.
J’ai constaté aussi que la dépression sévère est une pathologie, qui corrompt la pensée, l’esprit, jusqu’à la chimie qui la véhicule ! Notre pensée, nos désirs, notre vision, n’étant déjà à la base pas spirituellement parfaits… A cela s’ajoute que la dépression vous vole votre ambition, tue votre motivation, et vous fait perdre l’horizon. Elle m’empêche de me projeter, d’envisager ou de construire une volonté d’avenir.
C’est là que j’en reviens à Caroline, à la mission, au Japon, à mon ressenti et à la Vérité. Le sujet de la volonté de Caroline a longtemps été un combat, intérieur et avec elle. Entre autres, être déraciné alors que je perds pied et que ma seule sensation de stabilité est mon foyer, était une idée insupportable ! Et c’est toujours encore un sujet difficile à combattre.
Mais au regard de ce que je sais de la dépression et de ses impacts, je dois reconnaître avec humilité qu’il n’est pas bon de me reposer uniquement sur moi-même, sur ma réflexion, ou mon ressenti (même si celui-ci s’est avéré juste à certains endroits du chemin de Caroline). Alors je choisi de regarder à Dieu, d’observer ce qu’il met en place, de faire de mon mieux pour écouter ce qu’il veut me dire. J’accepte de remettre en cause ce que je ne ressens pas pour la mission ou la Japon, car mon esprit n’est pas totalement en bonne santé, qu’il n’est pas forcément bien inspiré, que ce n’est peut-être pas la Vérité. J’accepte de croire que pour des raisons qui m’échappent encore, ou qui commencent à dessiner leur silhouette, ou que je connais bien mais n’arrive pas encore à les affronter, j’ai laissé s’installer dans ma vie des barrières, des pollutions, des rébellions, des mensonges, qui m’empêchent ou refusent d’entendre (d’écouter) la voix de Dieu et sa volonté pour ma vie.
Par sa bonté, par sa patience -incroyable-, par sa fidélité, par sa générosité, par sa puissance, par son autorité, par son infatigable miséricorde, je tiens bon, je tiens debout, je me relève et j’avance petit à petit, même dans la tempête. La dépression est semble-t-il enrayée depuis plus d’un mois maintenant, et je remonte la pente, un jour après l’autre, du mieux que je peux. En m’efforçant de ne plus perdre de vue la Victoire -vérité permanente et indestructible- de Jésus sur nos corruptions.
Et je sens Dieu tout particulièrement patient et généreux dans le soin qu’il porte à transformer mon intelligence, et à la remplacer petit à petit par des morceaux de Sa connaissance, de Sa sagesse.
Si bien que lorsque l’opportunité de 2 mois au Japon par le programme Taste Japan d’OM est apparue, j’ai pu, malgré des pensées encore nombreuses à s’affronter, y trouver de la paix, et accueillir l’idée, non pas comme un sacrifice, non plus comme une obéissance à l’appel de Caroline, mais comme un bout de chemin ensemble. Ne le comprenant pas moi-même, Dieu savait surement, Lui, que j’étais à ce moment-là enfin prêt à cette ouverture.
Je veux croire, je choisis de croire, je sais, qu’Il sait bien mieux que moi ce qui est nécessaire, à quel moment, dans quelle proportion, sous quelle apparence, pour quel but, pour quel morceau de chemin. Il sait mieux que quiconque si, quand, comment, pourquoi TASTE JAPAN, alors que Sa volonté soit faite, quelle qu’elle soit, car elle est bonne ! 🙂